Grand Poitiers impulse la filière chanvre pour préserver l’eau et valoriser l’économie locale

Sur l’aire d’alimentation du captage de la Varenne, Grand Poitiers communauté urbaine a lancé un projet aussi innovant que porteur d’avenir : structurer et développer une filière chanvre locale. Un pari gagnant-gagnant pour l’environnement, l’agriculture, l’alimentation et même le secteur du bâtiment !

Mais pourquoi le chanvre ? Parce que cette plante robuste coche toutes les cases du développement durable : elle pousse sans intrants chimiques, protège la ressource en eau, et ses co-produits sont de véritables atouts pour l’alimentation et la construction.

Le chanvre, moteur d’un territoire durable

chanvre300.jpgLe chanvre s’impose comme la culture phare de l’agriculture durable. D’un côté, cette plante demande peu d’eau et limite les pollutions diffuses grâce à sa culture sans pesticides. Elle répond ainsi à l’objectif numéro un de Grand Poitiers : protéger l’eau potable.

De l’autre, le chanvre apporte deux ressources clés pour l’alimentation et la construction.

  • Le chènevis : une graine riche en protéines, parfaite pour l’alimentation humaine et animale.
  • La paille : transformée en laine ou en chènevotte, elle devient un isolant naturel très prisé dans la construction écologique.

Jean-Frédéric Granger, agriculteur bio à Celle-Lévescault (79)

photo portrait de Jean-Frédéric Granger, agriculteur

Jean-Frédéric Granger, agriculteur

© Agence de l'eau / Une image à part

« C'est une plante très peu gourmande en eau. Pas de désherbant, pas d'engrais. Le chanvre fait partie des plantes qui dépollue les sols et permet d'éviter le ruissellement des nitrates. Économiquement c'est très intéressant.»

En misant sur le chanvre, Grand Poitiers Communauté urbaine crée une dynamique territoriale vertueuse, liant eau, alimentation, transition écologique et développement économique local.

Développement d'une filière chanvre sur l'aire d'alimentation de captage de la Varenne

Vidéo - Développement d'une filière chanvre sur l'aire d'alimentation de captage de la Varenne

© Une image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

Structuration et développement d’une filière chanvre sur l’aire d’alimentation du captage de la Varenne - Grands Poitiers communauté urbaine (Vienne)

Céline Lelard – Responsable Pôle production eau potable – Grand Poitiers communauté urbaine :

« C'est ici, au cœur de l'aire d'alimentation du captage de la Varenne, que Grand Poitiers a initié le développement d'une filière chanvre pour amener de la valeur ajoutée aux agriculteurs et reconquérir la qualité de l'eau. »

Voix Off

Le chanvre, pour lutter contre les pollutions, c’est un pari innovant lancé ici, à 25 km, au Sud-Ouest de Poitiers. Polyculture, élevage : 1 700 agriculteurs font vivre ce territoire de 115 communes, et 2 065 km²,
la surface de l’aire d’alimentation du captage de la Varenne.

Céline Lelard – Responsable Pôle production eau potable – Grand Poitiers communauté urbaine :

« La goutte d'eau qui va tomber à l'intérieur de ce territoire va rejoindre le captage. Et aujourd'hui, on constate que la qualité de l'eau, elle est dégradée par les pesticides, par les nitrates. »

Voix Off

Pour améliorer la qualité de l’eau, certains agriculteurs se sont donc investis dans ce projet chanvre, comme Jean-Frédéric, en bio depuis 2018, 250 chèvres, 95 hectares de terres dont 5 de chanvre.

Jean-Frédéric Granger – Agriculteur Bio - Celle-Lévescault (Vienne) :

« C'est une culture qui ne demande aucun intrant, donc pas de désherbant, pas d'engrais. C'est une plante très peu gourmande en eau. Ça a un effet désherbant. Le chanvre fait partie des plantes qui dépolluent les sols et permet d'éviter le ruissellement des nitrates. Économiquement, c'est intéressant. »

Xavier Pillet – Paysan Bio – Vice-président – Association Chanvre Nouvelle Aquitaine :

« Avec un itinéraire cultural sans pesticides, sans engrais chimiques, c'est une culture qui est faite pour des zones de captage ou des zones où on veut respecter l’enjeu eau. C'est préserver la quantité et améliorer la qualité. »

Voix Off

Grand Poitiers a lancé cette filière innovante en 2021. 3 chantiers ont été menés en parallèle : la formation des agriculteurs, le positionnement du chanvre comme matériau-clé du bâtiment durable et la promotion de la plante pour la restauration.

Nathalie Delavault – Responsable adjointe – Cuisine autonome Jean-Mermoz :

« La farine, essentiellement, elle peut servir à faire des cakes, des broyés comme aujourd'hui. Et les graines, dans le pain, sur les gâteaux. »

Sébastien Coindeau – Responsable Pôle Restauration collective Grand Poitiers communauté urbaine :

« Le chanvre est une protéine riche en fibres, en acides gras, en acides aminés. L'objectif, c'est vraiment de développer l'utilisation du chanvre dans notre restauration. »

Manon Baqué – Conductrice d’opérations – Grand Poitiers communauté urbaine :

« On a choisi sur ce chantier l'emploi du chanvre dans l'extension, donc dans le neuf. On s'en sert pour isoler les murs à ossature bois qui constituent les façades du nouveau bâtiment, ainsi que certains murs de cloisonnement intérieur. C'est le matériau écologique par excellence. »

Didier Merzeau – Gérant – Entreprise Art de Bâtir – Coulombiers (86) :

« L'utilisation du chanvre sert à la fois de remplissage de la structure porteuse et donc d'isolation thermique et phonique. C'est un matériau naturel, sain. Aujourd'hui, on en parle beaucoup plus
et il y a des volontés publiques qui permettent de faire avancer les projets. »

Voix Off

La structuration, le développement de cette filière, c’est le résultat d’un travail collaboratif : une initiative de la Région Nouvelle Aquitaine, via son programme Re-Sources, le pilotage terrain de Grand Poitiers communauté urbaine et l’accompagnement technique et financier de l’agence de l’eau Loire-Bretagne.

Cindy Roller – Chargée de mission protection de la ressource en eau Animatrice du programme Re-Sources – Région Nouvelle Aquitaine :

« On anime un réseau régional d'animateurs et de collectivités qui s'engagent dans ces actions de protection. Et puis le programme Re-Sources, c'est aussi l'ensemble de l'accompagnement financier, technique à ces collectivités et à ces partenaires qui mettent en place des actions. »

Voix Off

Coût du projet, sur 4 ans : 240 000 euros, financé à 50 % par l’agence de l’eau Loire-Bretagne.

Gilles Morisseau – Vice-Président – Chargé de l’eau et de l’assainissement Grand Poitiers communauté urbaine :

« Sur tous les programmes d'amélioration de la qualité de l'eau, l'agence de l'eau Loire-Bretagne est toujours notre partenaire financeur numéro un, bien sûr. »

Frédy Poirier – Vice-Président – Chargé de l’agriculture et de l’alimentation Grand Poitiers communauté urbaine :

« Sans l'agence de l'eau et sans le cadre des contrats Re-Sources, on n’engage pas ce genre de travail-là. Ça veut dire qu'aujourd'hui, c'est un élément-clé pour prendre ce risque-là. »

Séverine Farineau – Chargée d’interventions spécialisée – Agence de l’eau Loire Bretagne :

« On a déjà accompagné toute la partie développement, donc plutôt des études. Ce qui est important et très intéressant dans le projet de Grand Poitiers, c'est toute la partie aval de la filière et donc on a aujourd'hui des débouchés. C'est ce qui permettra à cette filière, demain, d'être viable et pérenne. »

Céline Lelard – Responsable Pôle production eau potable – Grand Poitiers communauté urbaine

« La nouvelle étape, c'est la création d'une unité de défibrage qui va permettre de transformer cette paille de chanvre pour qu'elle soit utilisable dans le bâtiment.»

Séverine Farineau – Chargée d’interventions spécialisée – Agence de l’eau Loire Bretagne :

« Ça fait partie des modalités de notre 12ᵉ programme, de pouvoir accompagner aussi l'investissement dans cet outil de production. On va travailler avec Grand Poitiers, effectivement, à cette seconde étape.»

Frédy Poirier – Vice-Président – Chargé de l’agriculture et de l’alimentation Grand Poitiers communauté urbaine :

« On donne du sens à la collectivité en termes de politique publique, en tant que producteur d'eau potable et on est apporteur de solutions pour l'agriculture. Plus on aura de surfaces sans pesticides, moins on aura de difficultés à traiter l'eau potable, en termes de coût évidemment.»

Gilles Morisseau – Vice-Président – Chargé de l’eau et de l’assainissement Grand Poitiers communauté urbaine :

« Aujourd'hui, on est passé de 20 à 40 hectares. La demande qu'on a perçue,  notamment dans le bâtiment, viendrait à tripler, quadrupler très rapidement cette surface et deviendrait pertinente pour avoir un effet sur l'usage de l'eau. »

Construire et structurer la filière chanvre : étapes et avancées

le chanvre utilisé dans le bâtiment

© Agence de l'eau Loire-Bretagne

Le projet, doté d’un budget de 240 000 € HT sur 2021-2025, s’est construit étape par étape en commençant avec la mobilisation des acteurs en 2021. Un premier plan d’action voit le jour en 2022-2023 avec 3 volets :

  • Accompagnement des agriculteurs pour la production et la transformation du chanvre.
  • Promotion des produits alimentaires à base de chanvre auprès des restaurations collectives et privées.
  • Sensibilisation des professionnels du bâtiment à l’utilisation du chanvre.

L’année 2024, marque une nouvelle étape dans la structuration de la filière avec la création d’un collectif d’acteurs en vue d’investir dans une unité de défibrage de la paille, essentielle pour l’autonomie de la filière locale et la valorisation complète de la production.

Le pilotage est assuré par la direction Eau-Assainissement de Grand Poitiers Communauté urbaine, en transversalité avec les directions Agriculture-Alimentation, Énergie, Patrimoine bâti, et l’appui de l’association Chanvre Nouvelle-Aquitaine.

Une mobilisation collective et des résultats concrets

Développement de la filière chanvre par Grand Poitiers - champ de chanvre

© Agence de l'eau / Une image à part

Le projet s’appuie sur une large palette de partenaires : agriculteurs, professionnels du bâtiment, collectivités, associations, entreprises locales et institutions régionales. Les résultats parlent d’eux-mêmes :

  • Surface cultivée multipliée par 12 : de 3 ha en 2022 à 37 ha en 2024.
  • Transformation locale : la graine bio est transformée chez Ecolience, entreprise du territoire.
  • Réalisations concrètes : livre de recettes régional, chantiers de rénovation à Poitiers utilisant le chanvre, introduction de recettes au chanvre dans la restauration collective.
  • Demande croissante : le secteur du bâtiment réclame de plus en plus de paille de chanvre locale.

En structurant une filière chanvre locale, Grand Poitiers Communauté urbaine montre la voie d’une transition écologique réussie, où chaque acteur trouve sa place et où chaque action a du sens. Protection de l’eau, alimentation saine, construction durable, économie locale…

Céline Lelard, responsable du pôle production eau potable - Grand Poitiers Communauté urbaine

photo portrait de Céline Lelard, Grand Poitiers

Céline Lelard, Grand Poitiers

© Agence de l'eau Loire-Bretagne / Une image à part

« Plusieurs facteurs clés expliquent la réussite de ce projet. D’abord, nous bénéficions d’un contexte régional particulièrement favorable, ainsi que d’un engagement politique fort de la part de Grand Poitiers Communauté urbaine. Le soutien financier apporté par l’agence de l’eau Loire-Bretagne et la région Nouvelle-Aquitaine, via le programme Re-Sources, a également été déterminant.

Ce projet se distingue par son caractère transversal, puisqu’il mobilise l’ensemble de la filière, de l’amont à l’aval. Il s’ancre véritablement dans le territoire, en s’appuyant sur un groupe d’agriculteurs motivés, sur les acteurs économiques locaux et sur les opportunités offertes par notre région.

Enfin, l’un des atouts majeurs de ce projet est sa capacité à réorienter la valeur ajoutée sur notre territoire, en favorisant une production, une transformation et une consommation locales du chanvre. »

Séverine Farineau, chargée d’interventions spécialisée - Délégation Poitou-Limousin, agence de l'eau

Photo portrait de Séverine Farineau, chargée d'intervention à la délégation Poitou Limousin

Séverine Farineau, Agence de l'eau

© Agence de l'eau Loire-Bretagne

« Cette initiative exemplaire témoigne de l’engagement fort des collectivités locales et d’un collectif d’agriculteurs en faveur d’une filière qui œuvre pour la qualité de l’eau. La dynamique territoriale autour du chanvre est enclenchée : un groupe d’agriculteurs s’est uni pour structurer la filière, désormais sécurisée grâce à la promotion et au développement des produits à base de chanvre, tant auprès des collectivités publiques que des acteurs privés, et ce, dans deux secteurs clés : l’alimentation et le bâtiment. Cette dynamique répond pleinement aux priorités de l’agence de l’eau, en encourageant des pratiques agroécologiques qui limitent l’usage des intrants et contribuent à l’amélioration de la qualité de l’eau. »

Et demain ? Une filière en pleine expansion

La dynamique est lancée, et elle ne fait que grandir. Les ambitions pour 2025-2026 sont claires :

  • Objectif 80 ha en 2026, 150 ha en 2030.
  • Création d’une société coopérative (SCIC) pour structurer la filière.
  • Investissement dans une unité de défibrage.
  • Déploiement d’ateliers culinaires et développement de la transformation des graines.
  • Formation et accompagnement des acteurs du bâtiment.
  • Mobilisation d’autres collectivités du département.

Grand Poitiers Communauté urbaine, établissement public de coopération intercommunale, regroupe 40 communes. Parmi ses missions prioritaires figure la protection de la ressource en eau, avec quatre captages prioritaires engagés dans la démarche Re-Sources.

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